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Histoire

LE DAHAR ...AU
CONFLUENT DES CIVILISATIONS

Le Djebel Dahar était originellement peuplé par des berbères nomades. C’est encore aujourd’hui une région fortement emprunte de traditions berbères, bien que les populations se soient largement mélangées au contact des nombreuses civilisations qui ont sillonné la région depuis près de deux mille ans, constituant l’héritage historique de la Tunisie.

Cette région montagneuse a servi d’habitat et de refuge à une population restée semi-nomade et largement souveraine jusqu’à la moitié du XXème siècle qui a subsisté grâce a des des relations commerciales et culturelles fructueuses.

Les populations du Dahar ont entretenu des relations étroites avec les nombreux peuples qui ont sillonné le Sud de la Tunisie actuelle depuis l’antiquité : puniques, romains, byzantins, bédouins, arabes, français, au contact desquels elles se sont largement métissées, adoptant tardivement et après quelques résistances la religion musulmane et plus récemment le système administratif qui peine encore parfois à s’implanter.

Les populations du Dahar sont très imprégnées de culture sub-saharienne qu’elle ont adopté par les échanges et le commerce transsaharien à travers les grandes caravanes qui sillonnaient le Sahara encore récemment

Histoire ancienne

Les premières traces humaines  au Djebel Dahar sont datées de la période paléolithique.

L’histoire connue de la région débute avec l’écriture berbère en caractères dits « libyques » datant selon les sources du troisième ou cinquième siècle av. JC. If you love, you can search your good fortune at neue online casinos. Cette écriture est probablement dérivée des caractères phéniciens-puniques. Cette civilisation qui a rayonné sur le bassin méditerranéen s’est installée en Tunisie environ 1100 av. JC et a fondé Carthage en 814 av. JC. Ses zones d’implantation se limitaient au Nord de la Tunisie actuelle ainsi qu’aux côtes de la méditerranée, installant des comptoirs, puis des villes à Djerba et Zarzis, à moins de 80 km Dahar.

Il faut attendre la période romaine, selon l’historien André Louis, et la pression exercée par ceux-ci sur l’agriculture dans les plaines avoisinantes, pour que certaines tribus berbères se sédentarisent dans les montagnes du Dahar. (André Louis, « Le monde “berbère” de l’extrême sud tunisien », Revue de l’Occident musulman et de la Méditerranée, 1972, p.109). Il est en tout cas certain que l’occupation des montagnes du Dahar est liée aux invasions musulmanes il y’a quatorze siècle.

Nomadisme et sédentarité

A la fin de la période romaine, à une époque située entre le troisième et le septième siècle, les familles berbères se sont partiellement sédentarisé. Certains membres de la famille étaient voués à se fixer pour des durées variables afin de servir d’ancrage aux autres membres de la famille exerçant des activités de commerce et de pâturage itinérantes dans la région, ou dans le commerce transsaharien avec les grandes caravanes.

Ces membres sédentaires assuraient une certaine sécurité en entreposant des objets de valeur comme les denrées alimentaires ou d’autres produits consommables ou échangeables par les membres nomades de leur famille : sel, dattes, céréales, olives, or, fer, etc.

Les « ksour », sortes de villages-greniers qui constituent l’une des particularités majeures de la région, situés anciennement au sommet des reliefs montagneux, permettaient d’entreposer ces biens en sécurité, tout en contrôlant les routes de commerce de par leurs situations dominantes. Certains sont devenus de véritables cités-citadelles.

Une histoire liée à la maîtrise de l’eau

Outre le relief qui offrait une certaine sécurité face aux pillards et envahisseurs, l’histoire de la région montagneuse du Dahar est intrinsèquement liée à l’eau.

En contraste avec les plaines avoisinantes, peu habitables car particulièrement arides du fait de la profondeur de la nappe phréatique, les zones escarpées du Dahar permettent de récolter les eaux de pente, ce qui a été  rendu possible grâce à des aménagements appelés  « jessours ».

Une culture riche, un développement technologique précoce

Outre une écriture précoce, basée sur un alphabet (et non sur des idéogrammes) très probablement inspirée des puniques-phéniciens, la civilisation berbère a développé une technologie remarquable dans cette région du Sud de la Tunisie : moulins pour l’extraction d’huile d’olive à effet de levier ou à traction animale (ami des animaux s’abstenir il s’agit d’une autre époque !), techniques sophistiquées de construction d’habitats troglodytiques, ingénierie d’irrigation avec de multiples variantes, techniques artisanales élaborées (métiers à tisser, techniques de teinture, etc.), etc. comprenant également une culture vivante essentiellement orale, dont il ne reste que quelques traces enfouies dans des patrimoines familiaux.

Cette zone de montagnes protectrices a ainsi permis aux tribus-familles berbères de développer une civilisation propre et de prospérer durant près de deux millénaires au contact de multiples influences extérieures, à travers une organisation sociale et des patrimoines culturels comme en attestent les cérémonies de mariage ou certaines fêtes traditionnelles encore d’usage.

Développement des marchés de plaine

Dès le XVIIème siècle, après une longue période d’arabisation qui a conduit à une forte réduction des risques sécuritaires (pillages, etc.), une protoéconomie moderne se développe avec le développement des marchés dans les plaines et la croissance de villes avoisinant la zone montagneuse du Dahar.

Les principales tribus berbères s’organisent en une confédération politique appelée Ouerghamma couvrant géographiquement la quasi-totalité de la chaîne de montagne du Djebel Dahar ainsi que les grandes plaines avoisinantes (allant de Gabès jusqu’en Lybie mais sans l’île de Djerba). L’administration coloniale française dissoudra cette Confédération en 1883.

Entre le XVIIème et le XIXème siècle, les commerçants citadins, ainsi que certains chefs religieux souhaitant rallier pacifiquement l’ensemble des populations de la région, adaptent et démultiplient les « ksour » traditionnellement utilisés par les populations des montagnes du Dahar pour servir d’unités de stockage des marchandises et structurer les marchés de plaine.

Histoire récente

L’indépendance de la Tunisie en 1956 marque le déclin de l’organisation sociale berbère, mais non nécessairement des familles et tribus encore fort influentes dans la région, avec la constitution d’une nation tunisienne, nouvelle, unique et unifié, dotée d’un projet moderniste (école pour toutes et tous, Etat providence, infrastructures, etc.). La destruction des ksour de plaine de Médenine ou de Ben Guerdane constituent des symboles forts de cette modification des particularités locales ayant permis de constituer l’unité nationale , à travers un Etat moderne fonctionnel qui a accédé depuis 2011 à la démocratie.

Langue et culture contemporaine

Au fil des siècles, la langue et l’écriture libyque originelle se sont transformées pour devenir l’Amazigh (appellation autochtone) ou le Berbère (appellation francophone). La langue arabe s’est répandue, tout d’abord avec la religion, de même que le français, avec l’administration coloniale, puis toutes deux véhiculées par l’école. L’Amazigh est encore parlé de nos jours dans certaines familles et certains villages.

Le métissage culturel et ethnique berbéro-arabo-africain fait aujourd’hui partie de l’identité de la région et de ses habitants, riches d’une histoire exceptionnelle, à la fois restée traditionnelle, contemporaine et universelle…

Non loin du Dahar, dans l’ile de Djerba, les berbères également implantés depuis des centaines d’années, côtoient arabes, hébreux, occidentaux… des musulmans des juifs et des chrétiens… vivant ensemble au quotidien loin des clivages actuels.

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